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DISCOURS DE HAINE EN PERIODE POST ELECTORALE : Mamy Nyanga dépassée par l’ampleur de ses propos contre les allogènes

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Difficile de savoir si ses explications vont faire baisser la polémique, mais Madame le sénateur Puene Françoise alias Mamy Nyanga s’est offerte une publicité désastreuse avec des propos hors sol sur les “étrangers qui votent mal à Banka”. Les prochains jours vont mieux nous renseigner.

Dans une audio devenue virale et diffusée depuis lundi dernier sur les réseaux sociaux, on entend Madame le sénateur Françoise Puene alias Mamy Nyanga, donner sa version des faits d’une polémique qui enfle suite à des propos à elle attribués et parfaitement identifiables dans une vidéo. Cette femme généralement assurée dit alors “je suis dépassée” avant de dénoncer les travers de bon nombre de ses compatriotes qui excelleraient dans la méchanceté, le mensonge, le vol entre autres. Elle est donc une victime de ces travers à travers le détournement de ses propos sortis de son contexte. Si elle ne nie pas avoir dit ce qu’elle a dit, elle estime qu’elle l’a fait en parlant des autres pour restituer une tournée qu’elle avait effectuée dans cette circonscription de Banka où elle vient juste d’être parachutée.

Elle dit aussi être dépassée parce qu’elle ne comprend pas que ses propos qui ont été tenus dans le cadre d’une réunion interne au Rdpc aient pu se retrouver avec tant d’emphase dans les réseaux sociaux.

24h après sa mise au point ou si on veut son rétropédalage, il est peut-être trop tôt pour savoir si cela va changer la donne, mais il semble bien que Madame le sénateur n’ait pas vraiment mesuré la portée des propos à elle attribués. Il y a de fortes chances que sa carrière politique en soit marquée à vie, tant la gravité amplifiée par le contexte fait d’elle un bouc émissaire idéal, l’antithèse parfaite que d’autres vont saisir pour clouer le bec aux membres de sa propre communauté prompts à dénoncer les attaques au faciès dont ils sont victimes ailleurs. A travers ces propos de Mamy Nyanga, on aura alors beau jeu de leur cracher au visage : “De quoi vous plaignez vous si vous n’êtes pas hypocrites ? N’est-ce pas que vous faites pareil chez vous ?”

Les faits

Le samedi 13 septembre 2025, en pleine réunion politique du parti au pouvoir, le Rdpc (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais) tenue dans la salle de la Permanence de ce parti à Bafang, réunion convoquée par le chef de la délégation départementale du Comité Central du Rdpc pour le Haut-Nkam, l’honorable Claude Juimo Siewé Monthé en prélude aux élections présidentielles du 12 octobre 2025, la Sénatrice Françoise Puené dit Mamy Nyanga a, dans une intervention parfaitement audible et filmée fait une déclaration très grave. On l’entend notamment dire aux participants : “… Tous ceux qui sont venus s’installer dans le Haut-Nkam pour ternir l’image du Haut-Nkam nous n’en voulons plus et qu’on va aller jusqu’à les instruire si au soir du 12 octobre on a perdu dans leurs différents quartiers respectifs ils vont désormais rentrer dans leur village “, dixit la Sénatrice Françoise Puené, Présidente de la commission communale de la campagne électorale du candidat Paul Biya dans la circonscription électorale de Banka. Les propos tenus par la Sénatrice Françoise Puené ne sont pas loin de ce que condamne la loi sur les discours de haines et l’activation du tribalisme. Une politique d’exclusion très souvent imputée au parti au pouvoir qui s’en sert pour mettre à mal la concorde sociale dans les localités à fort brassage communautaire, notamment dans les villes de Douala, Yaoundé Bafoussam et dans certains départements sensibles comme le Mungo.

Les Bamiléké (comme Mamy Nyanga) réputés remuants et entreprenants sont très souvent du côté des victimes suivant en cela un narratif hérité de la répression coloniale puisqu’ils étaient plus nombreux dans le camp des contestataires. Et cette indexation a finalement été pensée dans un sinistre laboratoire pour contenir les Bamiléké et amener les autres à faire bloc contre eux. Le must étant l’introduction de ces notions d’ “autochtones” et d'”allogènes” dans la Constitution de 1996 pour donner un vernis légal à certaines politiques de discrimination dans certaines localités.

Prévention contre les discours de haine

Sans trop convaincre de sa bonne foi, on a souvent vu le pouvoir se désolidariser de certains de ses membres très imprudents et plus zélés que la moyenne dans cette stigmatisation des “allogènes” ou si on veut des Bamiléké. Des campagnes officielles sont mêmes organisées de temps à autres contre les discours de haine par différents démembrements de l’Etat pour tenter d’enrayer un phénomène qui est bien intégré dans les mœurs des populations.

Et à l’approche des élections qui sont un moment délicat de distribution des cartes (ou si on veut, de distribution de rentes de gestion), on voit ressurgir ce type de discours prônant la haine, le tribalisme, le rejet de l’autre et l’exclusion. Exactement ce qui est reproché à Mamy Nyanga au grand dam de ses propres frères qui se sentent visés ailleurs. On a l’explication de la levée de boucliers généralisés dans les réseaux sociaux et dans les médias à l’instar de cette condamnation que nous reprenons ci-dessous de Alex Siewé, un très grand professionnel, ancien Directeur de la Communication de AES Sonel, puis Directeur de la communication à la CAF et promoteur de divers médias. Lui-même fils du Haut-Nkam, il dit son dégout et son amertume des propos tenus par sa sœur. Et il est loin d’être isolé dans cette condamnation.

On ne reprochera pas au préfet de ce département du Haut-Nkam de n’avoir pas vu venir les choses.

Moins de deux semaines avant ces propos incendiaires, il avait tenu une réunion dans les fins de prévenir ce type de discours pendant cette période sensible. Dans son souci de préserver la paix avant, pendant et après les élections du 12 octobre 2025, le Préfet du département du Haut-Nkam, Diyen Jam Lawrence avait invité le 29 août 2025, les forces vives du Haut-Nkam à une importante réunion de sensibilisation tenue dans la salle de la délégation du Transport du Haut-Nkam à Bafang, La Sénatrice Françoise Puené avait bel et bien pris personnellement part aux travaux. L’objectif principal était d’inviter les uns et les autres, en cette veille des élections présidentielles à faire bloc contre le tribalisme, à barrer la route à l’incitation à la haine et le rejet de l’autre … “Des fléaux qui détruisent la paix et le vivre-ensemble, si cher au Chef de l’Etat, Son Excellence Paul Biya” disait alors le préfet du Haut-Nkam. Le Préfet Diyen Jam Lawrence tenait à témoigner ainsi, l’intérêt qu’il attache à la paix et au vivre-ensemble dans le département du Haut-Nkam, et appelé toutes les populations à vivre en parfaite harmonie, en parfaite symbiose, car le département du Haut-Nkam est l’incarnation même du vivre-ensemble. Tous les habitants qui y vivent se sentent à l’aise. Comment comprendre qu’ayant pourtant assisté à cette rencontre d’exhortation du préfet, que Mamy Nyanga soit partie si vite à la faute ?

Martial HOGBE MATIP

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