Depuis plusieurs semaines déjà, le site internet d’Elections cameroon (Elecam) est hors service, ceci à quelques jours seulement de la convocation du corps électoral qui marquera ipso facto la fin du processus d’enrôlement.

Plus le moment fatidique approche, plus la pression monte, et plus inquiétante devient l’attitude de l’organisme en charge de l’organisation des élections dans notre pays. Depuis plusieurs semaines, le site internet d’Elecam, permettant des vérifications et d’obtenir des informations en ligne est inaccessible. Sans qu’on y sache trop pourquoi, cette situation serait le résultat des opérations de maintenance effectuées par les agents techniques. Mais cette version officieuse peine à convaincre y compris dans les rangs du parti au pouvoir. Cette version aurait été digeste si l’inaccessibilité était brève. Mais lorsqu’elle devient longue voire infinie, ça inquiète et ravive la suspicion autour les capacités d’Elecam à organiser les élections libres et transparentes dans notre pays, surtout la présidentielle d’octobre 2025 qui charrie tellement de passion et de controverses. Les inquiétudes sont d’autant plus lourdes quand on connait l’épée de Damoclès qui pèse au-dessus de notre pays. Par ailleurs, toute la classe politique ne semble pas convaincue de l’impartialité et de la crédibilité de cette institution. Truffés d’anciens militants du Rdpc au pouvoir, le Conseil électoral, sa direction et même ses démembrements territoriaux sont sous la coupole du régime en place, notamment à travers le Ministère de l’administration territoriale (Minat) qui assure sa tutelle. Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) a tenté en vain de contraindre Elecam à publier la liste électorale nationale comme recommandée par les articles 180 et 181 du code électoral. Cette fixation du leader de l’opposition sur la nécessité de publier cette liste nationale, tire sa source sur le fait que pour l’élection présidentielle, la circonscription électorale est nationale, ceci contrairement aux autres scrutins comme par exemple les législatives, municipales, sénatoriales et régionales. Par ailleurs, en février 2025, ce site avait été piraté et ses données tronquées et utilisées à des fins inavouées par des tierces personnes. Lorsque ce site internet est à nouveau inaccessible comme c’est le cas depuis plusieurs semaines, ceci à quelques jours de la convocation du corps électoral, les inquiétudes se décuplent.
CALENDRIER ELECTORAL
En principe, la date de la fin de mandat du président de la République du Cameroun arrive à échéance le 06 novembre 2025. La date butoir pour la convocation du corps électoral est fixée au 12 juillet, pour un scrutin présidentiel prévu le 12 octobre 2025, ceci selon 86 et 145 du code électoral qui précisent que l’intervalle entre le scrutin et la convocation du corps électoral est de 90 jours au moins ; et l’élection du Président de la république a lieu au plus tard 20 jours avant l’expiration du mandat. Ainsi, la date de dépôt des candidatures interviendra au plus tard le 22 juillet 2025, en application de l’Article 126 du code électoral. Le Conseil électoral publie la liste des candidats 60 jours au moins avant la date du scrutin. Puis suivra le début du contentieux préélectoral devant le Conseil constitutionnel. La campagne électoral interviendra du 27 septembre au 11 octobre 2025, ceci en application de l’article 87 du Code électoral qui stipule qu’elle est ouverte le 15ème jour précédant le scrutin. La date de proclamation des résultats est prévue au plus tard le 26 octobre 2025 selon l’article 137 du code électoral, précédé par la fin du contentieux post électoral devant le Conseil Constitutionnel. Suivra le début du mandat (prestation de serment) du Président de la république qui se fera au plus tard le 09 novembre 2025.
CONVENTION ONU -ELECAM
Le leader de l’opposition camerounaise s’est insurgé du fait que cette signature de convention entre Elections cameroon (Elecam) et l’Organisation des Nations unies (Onu), le 09 mai 2025 à Yaoundé ait été conclue en l’absence des partis politiques de l’opposition, si tant est qu’ils concourent à l’expression du suffrage universel au Cameroun, et sachant que la crédibilité et l’impartialité d’Elecam soient toujours sujettes à caution. Selon les signataires de ladite convention, elle vise à « optimiser les élections au Cameroun, dans une démarche visant à renforcer la transparence et l’inclusivité du processus électoral ». De facon spécifique, la convention vise à favoriser la concertation multi-acteurs en faveur de l’apaisement du processus électoral notamment à travers les plateformes consultatives, les commissions mixtes, mais surtout en ciblant des groupes d’acteurs spécifiques ; à appuyer le renforcement de la capacité institutionnelle d’Elecam par la formation de son personnel ; et à promouvoir l’inclusion, la participation citoyenne et l’éducation civique de tous les acteurs au processus électoral.
SUSPICION
Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) de Maurice Kamto, a déploré dans un communiqué daté du 14 mai 2025, « la mise à l’écart des partis politiques acteurs majeurs du processus électoral, de la préparation et de la signature d’une telle convention ». Elecam existe, parce que les partis politiques sont présents, ceci dans selon le principe qu’il ne peut y avoir de compétitions sans compétiteurs. Pire encore, selon le même communiqué du Mrc, ni les responsables d’Elecam, encore moins de ceux de l’Onu n’ont à date cru communiquer sur cet évènement afin d’édifier les partis politiques, la société civile et le Peuple camerounais en général de la teneur des engagements pris par les uns et les autres, et en quoi la convention signée le 09 mai 2025 pourrait contribuer à l’organisation d’élections libres, inclusives, transparentes et apaisées dans notre pays ».
Eric V. YAKAM