En prenant une part active aux concertations stratégiques engagées depuis le mois de juillet 2025 par le Ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République (SgPr), Ferdinand NgohNgoh, le 11 septembre 2025, la deuxième plus grande église chrétienne au Cameroun, à travers son Président Alexandre Billa Mbenga a confirmé sa posture édictée le 10 janvier 2025. Evocation…
Le Ministre d’Etat, Ferdinand NgohNgoh, SgPr a reçu au Palais d’Etoudi, le 11 septembre 2025, les membres du Conseil des églises protestantes du Cameroun (Cepca). Cette délégation était conduite par le Révérend Hamadina Salomon. Il était question pour ces prélats, d’exprimer entre autres leur engagement à prier et à œuvrer pour la paix avant, pendant et après l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, ceci en réaffirmant le rôle spirituel de l’Eglise ci-devant berger du peuple de Dieu. Parmi les membres du Cepca, figurait le Président de l’Eglise évangélique du Cameroun (EEC), Pasteur Alexandre Billa Mbenga. Outre ces principes et autres formalités affichées, le Cepca et plus singulièrement l’EEC,a fait implicitement allégeance au candidat Président Paul Biya, qui veut rempiler pour un 8ème mandat à la tête du pays. Pour la cause, les membres du Cepca ne sont pas les pionniers. Ils ont été devancés par le clergé catholique romaine. Mais comme on dit trivialement que : ‘’les moutons ont beau marcher ensemble, ils n’ont pas tous le même prix’’, la présence du Président de l’EEC à ces concertations a été analysée de différentes façons, ceci au regard de ses sorties récentes en rapport avec la présidentielle du 12 octobre 2025.
EN EFFET
Le Pasteur Billa Mbengade l’EEC avait interdit à ses ouvriers de « protester » y compris dans leurs prédications quotidiennes ou hebdomadaires. C’est ce qui est transparu dans le « Rappel à l’ordre des ouvriers Ecclésiastiques de l’EEC » signé le 10 janvier 2025, par le Révérend Président Billa Mbenga Alexandre, patron de cette église au Cameroun. L’Eglise évangélique du Cameroun (EEC) a opté pour l’hypocrisie en refusant de se positionner sur les affaires importantes qui engagent l’avenir de notre pays. Elle a refusé d’être vent debout, avant-gardiste sur la trajectoire institutionnelle de notre pays, en cette année électorale majeure. Selon le Président, le Rév. Billa Mbenga Alexandre, les prises de positions citoyennes de certains pasteurs, laïcs, anciens, bref les adeptes de cette église sont de nature à « semer le trouble dans l’esprit de l’opinion publique en général et des chrétiens en particulier parce que tenues comme position de l’EEC ». L’EEC a préconisé le musèlement de ses fidèles qui, se doivent de s’abstenir de se positionner de façon citoyenne et de s’exprimer sur l’avenir politique de notre pays, ceci à l’instar de certains prélats catholiques romaines. Ouvertement, ce leader religieux avait donné à croire que l’EEC était apolitique, même si elle se gère de façon politique, en tenant en compte de toutes ses diversités, ses sensibilités politiques voire ses susceptibilités internes. « Nous rappelons que le mouvement de la Reforme de 1517, essence du Protestantisme, nous a émancipé du Suivisme », a-t-il poursuivi dans sa note adressée aux ouvriers ecclésiastiques de l’EEC.
Le Président de l’EEC s’est toujours refusé de se prononcer, mais a interdit à ses ouvriers de le faire, du moins à l’instar de certains prélats catholiques, à savoir les Mgr Samuel Kleda, Emmanuel Abbo, Barthelemy YaoubaHourgo, entre autres. L’EEC a deux dimensions certes, une dimension institutionnelle et une autre spirituelle. Mais à travers la sortie épistolaire du Pasteur Billa Mbenga Alexandre, du 10 janvier 2025, on a vite compris en filigrane, la frilosité des responsables de cette église à conduire les brebis de Dieu vers le paradis, ceci en tenant compte de leurs réalités terrestres. En fait, l’EEC à travers cette note de son Président, a affiché même de façon voilée, son penchant pour la présidentielle de 2025, elle qui est favorable au pouvoir politique en place à Yaoundé, et à son candidat, le président Paul Biya. Elle aurait fait mieux de dire plus directement qu’elle est au service du pouvoir en place, si tant est que tout pouvoir vient de Dieu. « Je rappelle aux ouvriers de l’EEC que toute déclaration sur les questions socio-politiques est du ressort du Synode général. En dehors de cette instance, toute déclaration est proscrite », a martelé le Président de l’EEC.
L’église catholique romaine est pourtant plus proche du régime en place que l’EEC, mais son clergé fait des efforts pour ne pas trop en dépendre, ceci en laissant la latitude à ses bergers de juger de l’opportunité d’éclairer la lanterne des fidèles parfois en déshérence sur la conduite politique. « J’invite le président de la Pastorale Nationale et les 22 Présidents des Régions Synodales, chacun en ce qui le concerne, à veiller à l’observation de la présente instruction à laquelle j’attache du prix », a conclue sans gêne, le leader de l’EEC à ses ouvriers. En fait, le top management de l’EEC roule pour le parti au pouvoir. C’est pourquoi, la sortie épistolaire de son leader, est une atteinte aux valeurs du Silence dont il aurait fait mieux de s’en approprier.
Eric V. YAKAM
