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FRONTS DE L’EXTREME NORD ET DES REGIONS ANGLOPHONES : L’armée fait face à une recrudescence des attaques à l’approche de l’élection présidentielle

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En deux attaques non coordonnées sur les fronts de la Crise anglophone et de l’Extrême Nord, l’armée vient de perdre en moins de 48h plus d’une dizaine de militaires. Le mois qui nous sépare du prochain scrutin s’annonce déterminant.

Comme on peut le lire dans les deux communiqués ci contre signés de Maurice Kamto, dauphin de Paul Biya à l’élection présidentielle de 2018, l’armée camerounaise vient de subir deux attentats qui ont lourdement endeuillé des dizaines de familles camerounaises. Il n’est pas le seul à avoir adressé ses condoléances puisque le Manidem et l’Upc y sont allés aussi de leur compassion, qui il faut le dire n’est pas nouvelle.

Ces deux attaques ont eu lieu le 5 septembre pour celle qui s’est passée dans l’arrondissement de Muyuka après qu’un véhicule de l’armée ait sauté une mine. Les occupants de ce véhicule ont presque été tous tués, on parle de 8 pour deux survivants. Les auteurs présumés de cette attaque étant les séparatistes qui revendiquent l’autonomie des régions anglophones du pays.

La deuxième attaque est celle qui a été recensée dans le Mayo Tsanaga et est l’œuvre présumée des irrédentistes islamistes de Boko Haram qui rêvent d’un califat autour du bassin du Lac Tchad. Leurs attaques étant simultanément menées dans les pays qui y ont accès, à savoir le Niger, le Nigéria, le Tchad et le Cameroun.

Avant toute chose, il faut saluer la bravoure de l’armée camerounaise. Beaucoup de gens ne le voient pas, mais il faut reconnaitre qu’il n’est pas donné à l’armée d’un pays africain de soutenir 3 guerres en même temps sur son territoire pendant près d’une décennie sans laisser à l’ennemi de façon durable, le contrôle des parties de son territoire. Jusqu’aujourd’hui, force est de reconnaître que l’armée camerounaise est à mesure de faire régner sa présence et son autorité sur toute partie spécifique du territoire national. Les attaques qu’elle subit, sont le fait des actes “terroristes”, lâchement menées sur des éléments isolés par des personnes qui immédiatement fondent dans la nature et dans la population. On parle alors de guerre asymétrique, pour laquelle l’efficacité ne peut se construire que dans une véritable osmose avec les populations. C’est le tendon d’Achille du moment.

La confiance que les populations portent à l’armée est confondue à la confiance que ces mêmes populations portent au chef suprême des armées qui est le président de la République. Pour de nombreux observateurs, il est une partie du problème, notamment dans le camp des belligérants anglophones qui revendiquent un nouveau contrat politique et social.

Rappelons que cette guerre a commencé en 2016 autour des revendications corporatistes, enseignants et autres protestant contre une présence francophone très marquée sur les textes de loi devant les régir. Puis, il y a eu un durcissement des positions que rien n’a pu affaiblir; ni le Grand Dialogue menée par le Gouvernement, ni l’arrestation dans un coup de filet spécial de tout le gouvernement en exil des sécessionnistes, ni la bravoure des forces de défense camerounaises.

Sus à l’Etat !

Depuis lors, tous les symboles de l’Etat sont des cibles. La victime la plus emblématique étant cette jeune femme gardien de prison Florence Ayafor sauvagement assassinée au tout début de la crise. On a assisté par la suite aux enlèvements et assassinats des sous-préfets et autres fonctionnaires. Même une sénatrice y est passée. Dans cette continuité, les sécessionnistes s’en sont pris à ceux des leurs soupçonnés de collaborer avec les fonctionnaires de “La Ropublique”, terme consacré pour marquer la distance avec les instructions qui viennent de Yaoundé. Ces collaborateurs sont ici appelés “Black legs” et l’attaque du 5 septembre dernier est bien la preuve que la fin n’est pas pour bientôt.

Il apparait clairement que la victoire très possible de Paul Biya à la prochaine élection présidentielle du 12 octobre 2025 ne va pas règler ce problème. Au contraire. Personne ne le crédite des capacités supérieures à ce qu’il a déja faites pour ramener la paix dans cette partie anglophone du pays.

De là à penser que les jours qui nous mènent à cette prochaine élection seront très tendus.

Les “villes mortes” qui se passaient seulement les lundis ont été décidés pour tout un mois. Il faut donc prévoir que les électeurs ne se bousculeront pas dans les bureaux de vote. Un remake de 2018 et 2020 où les taux de participations ont été de moins de 3% dans certaines localités et depuis 7 ans, le fossé se creuse davantage entre les élus et les populations. Qu’en sera-t-il cette fois ?

L’autre incertitude tient de celui qui sera le challenger de Paul Biya, le vieux président de 43 ans de règne. La crainte est qu’une crise post électorale après le 12 octobre 2025 ne débouche sur une autre crise qui mobilisera encore plus l’armée et les ressources financières du pays. Et dans ce cas, comment l’Etat va-t-il continuer à tenir ? Jusqu’où faut-il éprouver la résilience des forces de défense du pays ? Les défis sont énormes et personne ne peut prévoir ce qui va se passer. Tout étant du domaine du possible.

Noël NGAHANE

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