Le service civil allemand pour la Paix, doual’art et Esperanza-Cade viennent de conjuguer leurs efforts pour retracer la rencontre entre le peuple Bayangam et la puissance allemande : Une histoire très féconde même si elle a été marquée au fer rouge de la brutalité coloniale.
« Kamerunstadt et Bayangam » tel est le titre de l’ouvrage qui a été dédicacé vendredi dernier dans les salons du Zingana Hôtel de Bafoussam. C’était en présence du Gouverneur de la Région de l’Ouest représenté par le chef de division des affaires économiques et sociales de la région de l’Ouest, de Monsieur Tamo adjoint au maire de Bayangam, du chef supérieur Bayangam, Sa Majesté Pokam Georges Désiré qui avait fait venir plusieurs de ses pairs pour assister à cette dédicace de l’ouvrage sur son groupement et bien entendu des personnes ressources de cet évènement.
Tout commence avec les civilités républicaines, notamment l’hymne national du Cameroun. A la suite, la princesse Fézeu Espérance dit Mafo Mbo’o Ngoung Ngoung, lead de Esperanza-Cade, l’organisation de la Société civile qui a organisé l’évènement montera au pupitre pour donner la genèse de ce projet qui rentre dans un schéma global de la réappropriation par les chefferies traditionnelles de leurs propres histoires forcément malmenées au contact de la colonisation. En ce moment où certaines anciennes puissances coloniales font acte de contrition en restituant les biens culturels et mémoriels volés pendant leur joug sur les peuples conquis, la princesse Fezeu Espérance a dit tout le bénéfice qu’il y avait à visibiliser nos chefferies. A sa suite la Princesse Marilyn Douala Manga Bell, promotrice de l’Organisation Doual’art à l’origine du projet Kamerunstadt situera le contexte de la présence allemande au Cameroun qui n’a officiellement duré que 30 ans. Trente années de fer qui seront néanmoins fondatrices, l’Allemagne coloniale ayant mis dans un carcan territorial unifié, des nations qui n’avaient parfois rien en commun. Il s’agit du Kamerun autrefois appelé Kamerunstadt qui se confondait à la ville de Douala par où le Colon est entré avant de prendre possession des terres de l’intérieur dont Bayangam. « Cette histoire est désormais la nôtre » a dit l’arrière-petite-fille de Rudolf Douala Manga Bell, le roi des Duala précisément fusillé par les Allemands lors de leur retraite pendant la première guerre mondiale.
Bayangam, cette micro nation qui a souffert de la brutalité coloniale comme le contera un de ses pharmaciens de fils, Dr. Jean Claude Kanmogne principal source orale de l’œuvre. De ses recherches, trois actes forts sont à mettre à l’actif de ce contact rugueux d’avec le colon allemand. La perte de la souveraineté Bayangam au profit de Bandjoun dont le souverain plus éveillé avait les faveurs du colon et surtout la mort en déportation de son roi Fo’o Kom Maleu dit Kom II dont le règne (1884-1913) coïncide avec le passage du rouleau compresseur allemand au Kamerun.

Assumer son histoire
Intervenant pour le compte du Service Civil pour la Paix (SCP) branche du Giz, Mme Aude Cuzon Gatcho félicitera le chef supérieur Bayangam pour son rôle de pionnier dans l’écriture de cette histoire singulière dans la grande histoire portée par Kamerunstadt. L’Allemagne et le Cameroun ont le devoir d’avancer et d’écrire de nouveaux chapitres de leur histoire sans oublier le passé mais non plus sans en être des prisonniers de leurs douloureux premiers contacts.
Dernier du panel à intervenir, Michel Eclador Pekoua, journaliste et Directeur de publication de Ouest Echos partagera sa note de lecture de l’ouvrage, qu’il a subdivisé en sept parties, pour rester dans la cosmogonie des chiffres symboles dans les chefferies Bamiléké. Il invitera ainsi le lecteur à marquer un temps d’arrêt sur l’éditorial de la Princesse Marylin Douala Manga Bell, à ne pas sauter la contribution de Flaubert Fezeu Dawack intitulé « les portes des chefferies s’ouvrent à Kamerunstadt », à s’égayer de l’épopée graphique de Victor Nsame qui a conté en bandes dessinées, la rencontre entre les Bayangam et le colon allemand. La 4e halte recommandée est la contribution de Nadège Ngoueni sur « le pays qui a vu les sauterelles » puis la plongée de Ismaël Nsangou qui s’est exprimée en deux temps, d’abord sous forme de poème « Médiation » un peu comme une transition liturgique avant la grande homélie sous l’exhortation psalmiste « Bayangam a existé, existe et existera ». La sixième et avant dernière halte recommandée par Michel Eclador Pekoua a porté sur la contribution de Eunice Léa Mafeu qui est une appréciation de la jeune génération sur le thème « Une expérience originale très enrichissante » Et last but not least, l’entretien avec Sa Majesté Pouokam George Désiré pris en interview dans cet ouvrage constitue pour le lecteur un bon point d’ancrage.
Après cette brillante présentation de la note de lecture, la dédicace a pu commencer sous la plume de Sa Majesté Pouokam Georges Désiré et des membres du panel. C’était avant que la nuit n’étende son manteau noir sur la journée pour mettre fin à la rencontre.
Sah HOMGWONG








