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Election du 9ème Président de la Bad :Voici les principaux défis du Mauritanien Sidi OuldTah

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Elu à l’issue du 3ème tour de vote, parmi les cinq concurrents de départ, le 9ème président de la Banque africaine de développement (Bad), le sexagénaire Sidi OuldTah a obtenu 47,03% des voix, ceci devant le candidat Zambien Samuel MunzeleMaimbo, au cours des scrutins tenus à Abidjan en Côte d’Ivoire, le 29 mai 2025. Le nouvel entrant aura plusieurs défis à relever…

Ils étaient cinq candidats au départ. Amadou Hott du Sénégal, Abbas MahamatTolli du Tchad, Samuel MunzeleMaimbo de Zambie, Sidi OuldTah de Mauritanie, et Swazi BajabuileTshabalala de l’Afrique du Sud. Tous ont fait campagne en dévoilant leurs visions pour l’Afrique et leurs programmes respectifs. Mais le choix final a été porté sur le mauritanien, ancien directeur de la Banque islamique, Sidi OuldTah, âgé de 60 ans. Il prendra ses fonctions dans trois mois en septembre 2025. Il remplace à ce poste, le NigérianAkinwumiAdesina qui aura passé 10 ans soit 2 mandats de 5 ans chacun. Sidi OuldTah fera possiblement de même, si tant est que le mandat du Président de la Bad est de 5 ans renouvelable une fois. Pour gagner cette élection, Sidi OuldTah a bénéficié des voix du candidat sénégalais qui lui aura apporté 11,83% de votes.

PROCESSUS ELECTORAL

Le Président de la Bad a été élu par les représentants des 81 états membres dont 54 membres régionaux africains, et 27 membres non régionaux constitués de la France, les Usa, le Japon, le Canada entre autres. Chaque état était représenté par un gouverneur ou un suppléant dûment mandaté. Le Président sortant ne participe pas au vote. Un vote est pondéré selon le capital que détient chaque pays membres électeurs. Tous les votes ne se valent dont pas. Le poids de chaque état est proportionnel à sa contribution au capital de la Banque. Par exemple, le Nigeria qui est le plus grand contributeur africain, détient à lui seul 8,68% des parts, suivi par les Usa 6,52% des parts, l’Egypte (6,12% des parts), le japon (5,44), l’Algérie (5,05%), l’Afrique du sud (5,03%), le Maroc (4,65%), l’Allemagne (4,12%), le Canada (3,82%), la Cote d’Ivoire siège de la Bad (3,82%). Pour l’emporter, un candidat doit obtenir une double majorité à savoir, au moins 50,01% des voix pondérées, et 50,01% des voix des membres africains. Chaque délégué vote à bulletin secret avec une couleur différente selon le groupe. Jaune pour les membres régionaux africains, et Vert pour les membres non régionaux. A chaque tour, le candidat ayant recueilli le moins de voix au total (africains et non africains confondus) est éliminé. C’est ce qui s’est passé le 29 mai dernier, lorsque le candidat de l’Afrique centrale Abbas MahamatTolli a été éliminé au 1er tour de vote. Ce processus peut se répéter jusqu’à ce qu’un candidat franchisse les deux seuils requis.

PARADOXE

Pour voter, les Etats doivent être à jour de leur contribution au capital de la Banque, au plus tard le 30 avril 2025. La Mauritanie, pourtant pays d’un des candidats a régularisé sa situation après la date limite, amoindrissant son poids au scrutin. Par ailleurs, les Usa en retrait progressif du financement de la Bad n’ont pas non plus soldé leurs arriérés à temps. Un vote technique, mais hautement politique a été mis en exergue. Ce qui fait que malgré sa rigueur réglementaire, l’élection du président de la Bad est aussi une affaire de stratégie et de diplomatie. Alliances régionales, équilibres linguistiques, engagements croisés dans d’autres institutions sont de mise.

QUELQUES DEFIS

Le président de la Bad est à la tête d’une institution qui finance plus de 10 milliards d’euros de projets par an dont entre autres, les infrastructures, l’agriculture, l’énergie, le développement du secteur privé et public. Sidi OuldTah aura fort à faire pour faciliter le développement de l’Afrique qui pèse moins de 5% dans les business internationaux. Par ailleurs, le président américain Donald Trump a annoncé vouloir supprimer 500 millions de dollars Us de fonds destiner à cette banque pour soutenir ses actions. Il va s’en dire qu’avec ce gap financier important, il va falloir faire preuve d’ingéniosité pour remplacer les Usa et ces fonds en moins. En outre, Sidi OuldTah aura la charge de mettre en œuvre la stratégie 2024 – 2033 de la Banque, centrée sur la souveraineté économique, l’intégration régionale, la résilience climatique et l’innovation foncière. Les ambitions et les besoins de l’Afrique, majoritairement encore pauvre et sous-développé.

BON A SAVOIR

L’accord portant création de la Banque africaine de développement (Bad) a été signé par les états membres le 4 août 1963, à Khartoum au Soudan. Mais c’est le 10 septembre 1964 que cet accord est entré en vigueur, fondant de fait cette institution financière de développement en Afrique. Le 1erPrésident de la Bad était le soudanais MamounBeheiry (novembre 1967 –  août 1970), puis a suivi le tunisien AbdelwahabLabidi (août 1970 – 1976). Le 3èmePrésident était le Ghanéen KwameDonkohFordwor (mai 1976 – juillet 1979). Le 4ème était le zambien WilaMung’omba (juin 1980 – mai 1985). Le 5ème était le sénégalais BabacarNdiaye (Mai 1985 – août 1995). Le 6ème était le marocain Omar Kabbaj (aout 1995 – aout 2005). Le 7ème était le Rwandais Donald Kaberuka (septembre 2005 – août 2015). Le 8ème était le nigérianAkinwumiAdesina (septembre 2015 – aout 2025). Le 9èmePrésident de la Bad est le mauritanien Sidi OuldTah (septembre 2025- …).

Eric V. YAKAM

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