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Baccalauréat de l’enseignement général :« L’eau » a une fois de plus coulé, précurseur de l’effondrement de notre système éducatif

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Débuté le 26 mai 2025 sur l’ensemble du territoire national, l’organisation du baccalauréat de la session 2024 -2025 a été entachée d’irrégularités criantes notamment la fuite des épreuves de nature à jeter un profond discrédit sur le système éducatif camerounais.

Ils étaient plus de 144 000 dans 384 sous-centres d’examen sur l’ensemble du triangle national à braver le baccalauréat de l’enseignement secondaire général,principale vitrine du système éducatif de notre pays. Cet examen consacre la fin d’un cursus allant de la maternelle au secondaire en passant par le primaire. Le baccalauréat est un diplôme majeur qui donne droit à l’accès à l’université. Il est un parchemin important dans la vie de tout apprenant, si tant est qu’il est sensé achever 60% de l’instruction des élèves. Il permet à certains d’intégrer le monde du travail, ou alors de poursuivre une formation plus professionnelle. Sauf qu’au fil des années, ce diplôme jadis vanté, a perdu de sa superbe, ceci à cause de plusieurs controverses. La fuite des épreuves constitue une cause principale de cette baisse de niveau, si tant est que notre société a cultivé dans l’esprit des enfants, le culte de la facilité, de la fraude, de la tricherie. Le phénomène de « l’eau » connu pour désigner la fuite des épreuves aux examens est de retour en force. Pourtant, c’était pour tordre le cou à cette dérive que l’Office dubaccalauréat du Cameroun (Obc) avait été créé. Mais quelques années passées, l’incurie des responsables de cette institution a fini par déteindre sur l’organisation de certains examens. Outre la fuite des épreuves, la grève des enseignants en a rajouté une couche sur cette décrépitude avancée qui décrédibilise à suffisance notre système éducatif en général. Pour couronner tout, la baisse du niveau général des élèves est plus qu’accentuée, avec une montée en puissance de la quête de la facilité. Chaque fois que cette fuite est constatée, les responsabilités ne sont pas établies, encore moins les coupables punis.

CONCRETEMENT

Après un taux de réussite de seulement 37,26% en 2024, la session de 2025 était pressentie pour le redresser le tort, et améliorer le tir. Mais hélas, sans être cassandre, le bac de cette année ne reflétera pas le niveau réel des apprenants, ceci à cause du phénomène de « l’eau ». « L’eau » a tellement coulé aussi bien en anglais qu’en mathématiques pour les séries C, TI et D du baccalauréat, que certains enseignants fidèles à l’éthique et au respect de la déontologie éducative, ont appelé à la reprise totale de cet examen sur l’ensemble du territoire. La messagerie cryptée télégram a servi pour diffuser ces épreuves avec leurs corrigés, ceci plusieurs heures avant le début des épreuves. Pour obtenir l’épreuve authentique et son corrigée, un numéroMtn et Orange money a même été créé. Les prix requis oscillaient entre 1000 et 3500 Fcfa. Ce sont surtout les épreuves de mathématiques et d’anglais avec leurs corrigés qui ont le plus circulé. Cette situation qui prend de l’ampleur depuis que les enseignants sont en grève, est décriée par certains enseignants qui estiment que leur travail est bafoué sur le terrain.

RAS-LE-BOL

Un enseignant outré de voir que ses alertes n’ont pas été suivies, a fulminé sur la toile en ces termes : « Nous passons l’année à travailler dur pour préparer nos élèves. Certains fuient les cours, d’autres se montrent irrespectueux. Et voilà que les épreuves se retrouvent entre leurs mains avant même le jour de l’examen. C’est écœurant ». Selon cet enseignant dont le ras-le-bol a été abondamment partagé sur la toile, ces fuites ne sont pas de simples erreurs, encore moins banales comme voudraient le faire croire les autorités étatiques impliquées dans ce secteur. Ces fuites révèlent l’existence de réseaux organisés qui exploitent les failles du système. Cet enseignant a dénoncé également l’impuissance des enseignants, démunis face à une génération d’élèves encouragée par un système qui semble leur accorder tous les droits en légitimant ces pratiques de fraudes, sans jamais punir les véritables responsables tapis en haut lieu. « Quand on essaie de les sensibiliser, ils nous répondent que « Monsieur, laissez-ça. A 2h, « Camwater » ouvre le robinet, on doit boire l’eau », a-t-il confié, faisant référence à ces fuites d’épreuves avec leurs corrigés.

ACCUSES LEVEZ-VOUS

L’Office du baccalauréat du Cameroun (Obc) est fortement indexé dans cette incurie criante, elle qui a la lourde responsabilité d’organiser ces examens. Cette institution est par ailleurs accusée par les enseignants, de cumuler de nombreux arriérés d’impayés dus aux enseignants dans le cadre de l’organisation des précédentes sessions. Ces impayés ont justifié l’entrée en grève des enseignants issus du Collectif des organisations des enseignants du Cameroun (Corec), du 22 au 25 avril 2025, avec une possibilité d’un durcissement de cette grève dès le 19 mai 2025 si le gouvernement ne réagissait pas favorablement. Selon le Collectif des organisations des enseignants du Cameroun (Corec), malgré les négociations entamées avec le gouvernement, rien de consistant n’a pu sortir de ces concertations. Voilà pourquoi, le Collectif a décidé de maintenir son mot d’ordre de grève, du 22 au 25 avril 2025. Cette grève a été suspendue le 28 avril jusqu’au 18 mai 2025. Il était question de donner une chance au dialogue toujours en cours avec le gouvernement. Avec ce mot d’ordre de grève, les élèves ont été considérablement perturbés dans le cadre des examens certificatifs nationaux qui sont en cours.

PERILS

Les examens et concours officiels se dérouleront du 12 mai au 25 juillet 2025 pour l’Education de Base ; et du 14 mai au 31 juillet 2025 pour les enseignements secondaires. Ce découpage est officiel depuis l’arrêté conjoint des Ministres de l’éducation de base (Minedub), Pr. Laurent Serge EtoundiNgoa, et des Enseignements secondaires (Minesec), Pr NalovaLyonga, du 27 juillet 2024. Quand on connait les faibles taux enregistrés lors des examens de l’année 2023 – 2024, il est fort à craindre que ce bilan catastrophique se réplique en 2025, non seulement du fait de ces grèves répétées, mais à cause de la nouvelle exigence de la Minesec qui impose au moins 10/20 de moyenne dans les matières de base pour réussir aux examens, sans plus passer par les délibérations à 09 voire 07 de moyenne comme s’était souvent le cas. Mais les fuites d’épreuves vont aussi compliquer la clarification des résultats qui seront tronqués selon les cas.

Eric V. YAKAM

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